végétarisme : histoire d'une transition
Finalement, ce choix alimentaire a fait plus de vagues en moi que ce à quoi je m'attendais. Pendant quelques semaines, il m'est arrivé de rêver qu'en mangeant un plat que l'on m'avait servi, j'ingérais de la viande par mégarde. Je culpabilisais tout d'abord, puis un sentiment d'angoisse arrivait pour m'accompagner jusqu'au réveil.
Un genre de phobie. Relative j'imagine au visionnage d'Earthlings.
Dans les faits, peu de choses changent, puisque je mangeais déjà très peu de viande et encore moins de poisson. Mais quand même : là où j'étais habituée à cuisiner en pilotage automatique, sans me poser de questions, habituée que j'étais à mes ingrédients et aux mille façon de les marier ensemble, là où donc tout était enfin devenu simple*, je dois revoir une bonne partie de mes menus (parce que si auparavant je pouvais acheter puis cuisiner des produits carnés pour les autres membres de la famille, maintenant je n'y parviens plus).
Comme nous en avons déjà discuté, je n'envisage pas de substituer un produit ou un autre à la viande et au poisson, je préfère mieux connaître les différentes alternatives et diversifier nos sources de nutriments. Je me suis donc perdue au magasin bio parmi des ingrédients bizarres, des algues aux poudres mystérieuses, des flacons de verre sombre aux noms japonisants.
Je ne sais pas ce que j'attendais de cette rencontre, peut-être que l'inspiration me vienne, que la grâce culinaire me touche, que le savoir m'éblouisse ?
Mais je n'étais pas dans une galerie, et je n'ai rien appris.
Alors j'ai acheté un livre, celui-là (merci Isabelle de m'en avoir conseillé l'auteure). Il présente la plupart des produits qui m'avaient laissée perplexe ce jour-là, et joint à chaque fois deux ou trois recettes simples (peu d'ingrédients, presque rien à peser, rapides à réaliser) pour les tester, et plus si affinités !
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Enfin, puisque j'ai pris le parti de l'honnêteté, je dois vous faire part de cette fois où, revenant d'une douce-triste réunion de famille, après avoir résisté courageusement à la pastasciutta alléchante, le soir même, en solitaire j'ai prélevé quelques bouchées du plat avec viande, juste pour retrouver le goût, prolonger la journée, faire comme si on pouvait arrêter le temps, quelques minutes seulement...
Et aussi cette autre fois où j'ai terminé le poulet de Mamzelle, parce que sinon il fallait le jeter - quelle absurdité, n'est-ce pas ? Ce poulet n'était ni bio, ni élevé en plein air, c'est-à-dire que sa courte vie a été un calvaire depuis son éclosion, et tout ça pour qu'une partie de sa chair finisse au fond d'une poubelle !?
Mais je n'ai pas aimé le poulet, et le temps ne s'est pas arrêté... Alors je suis restée végétarienne.
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* Avant Mamzelle, infiniment occupée que j'étais par mon travail (comprendre une activité pratiquée à l'extérieur de la maison, faisant appel à quelques-unes de mes compétences, grassement rémunérée, et qui me laissait libre le soir et le week-end), je dédaignais les fourneaux. Il y avait des professionnels pour cela. Et des gens qui vivaient sur mon incompétence revendiquée. J'allais au restau, j'achetais des choses presque toutes faites, et de loin en loin, lorsque l'occasion m'y poussait, je créais des bonnes et belles choses pour des convives enthousiastes. Aujourd'hui que je ne travaille plus (comprendre que j'utilise tous les jours 150% de mes ressources, que je diversifie mes domaines de compétences, que j'oeuvre jour, nuit, soirées et week-ends, que je ne gagne presque plus rien et qu'on me regarde avec condescendance parce qu'il est de notoriété publique qu'une mère au foyer ne sait rien faire de mieux), aujourd'hui donc je m'y colle tous les jours, et plusieurs fois même, pour des convives grincheux ! (Faut-il que je les aime, hein :D )