avec une grande hache
Hier Mamzelle est tombée par hasard sur une photo de couverture, à la une d'un de ces journaux qu'on s'était promis de dissimuler sous le lit. Honteux du quotidien de nos frères humains, sans mots devant l'horreur, saignant de tout mon coeur de maman à chaque enfant meurtri.
"Qui c'est ça Maman ?"
"C'est un petit garçon qui est tombé."
Evidemment l'expliquation ne lui a pas suffi. On ne tombe pas de dessous la terre et les gravats. Il ne suffit pas d'une simple chute pour se retrouver le visage tuméfié, les cheveux gris de poussière et la peau striée de rouge. Elle a voulu revoir, j'ai prétexté que je voulais lire. Que de toute façon je ne savais pas vraiment ce qu'il s'était passé.
Et c'est vrai. Je me tiens soigneusement à l'écart, depuis toujours, de ces images qui me savent me poursuivre dans mes nuits de fièvre glacée. Tourner le dos à la réalité pour tenir encore un peu le bonheur désespéré de voir les fleurs pousser. Jusqu'à ce qu'elle me rattrape, derrière ce mot, ce mot qui ne dit rien, ce mot qui assourdit, ce mot qui nous entoure et nous englobe, que l'on brandit comme un privilège, que l'on fête ou que l'on déplore, et dont je finis par avoir honte. Ce mot que l'on a doté d'une grande hache, d'un côté ceux qui conquièrent en exterminant leurs semblables, de l'autre ceux qui se défendent en exterminant leurs semblables, ceux qui se dotent de droits pour que tout cela cesse, se gardant celui de les maintenir en exterminant leurs semblables, ceux qui cultivent leur jardin, esclaves d'un système qui extermine leurs semblables, ceux qui luttent avec des mots pour ne pas avoir à exterminer leurs semblables, ceux qui entrent en résistance pacifique et mordent tous les jours la poussière de l'anormalité, du décalage social et des difficultés qui s'amoncellent.
Et ceux qui se cachent pour pleurer...
"Qui c'est ça Maman ?"
"C'est un petit garçon qui est tombé."
Evidemment l'expliquation ne lui a pas suffi. On ne tombe pas de dessous la terre et les gravats. Il ne suffit pas d'une simple chute pour se retrouver le visage tuméfié, les cheveux gris de poussière et la peau striée de rouge. Elle a voulu revoir, j'ai prétexté que je voulais lire. Que de toute façon je ne savais pas vraiment ce qu'il s'était passé.
Et c'est vrai. Je me tiens soigneusement à l'écart, depuis toujours, de ces images qui me savent me poursuivre dans mes nuits de fièvre glacée. Tourner le dos à la réalité pour tenir encore un peu le bonheur désespéré de voir les fleurs pousser. Jusqu'à ce qu'elle me rattrape, derrière ce mot, ce mot qui ne dit rien, ce mot qui assourdit, ce mot qui nous entoure et nous englobe, que l'on brandit comme un privilège, que l'on fête ou que l'on déplore, et dont je finis par avoir honte. Ce mot que l'on a doté d'une grande hache, d'un côté ceux qui conquièrent en exterminant leurs semblables, de l'autre ceux qui se défendent en exterminant leurs semblables, ceux qui se dotent de droits pour que tout cela cesse, se gardant celui de les maintenir en exterminant leurs semblables, ceux qui cultivent leur jardin, esclaves d'un système qui extermine leurs semblables, ceux qui luttent avec des mots pour ne pas avoir à exterminer leurs semblables, ceux qui entrent en résistance pacifique et mordent tous les jours la poussière de l'anormalité, du décalage social et des difficultés qui s'amoncellent.
Et ceux qui se cachent pour pleurer...