quand écologie rime avec marketing

Publié le par Carole

Lu dans le dernier catalogue du vendeur de mobilier suédois (pp. 42-43) :

Et si...

... Le travail manuel était davantage valorisé

Là on essaie de vous vendre un objet tout fait (déjà...) coussin brodé par une maman en Inde. C'est super valorisant pour son travail, vous croyez, de broder toute la journée pour les consommateurs des pays riches ?

... On donnait une nouvelle vie à des objets classiques

En achetant un tabouret neuf, mais avec un faux naperon dessus pour faire genre, récup personnalisée. Elle est où la "nouvelle vie" ?

... L'anticonformisme reprenait du poil de la bête

Trop fort : ils ont conçu une chaise à bascule. Si tu veux être anticonformiste, il faut ab-so-lu-ment que tu te meubles chez Ik_a !

... On arrêtait de gâcher

Là ils parlent de chutes de bois récupérées au lieu qu'elles partent à la poubelle. Parce qu'ils trouvent encore du bois à jeter, en Suède, avec tous ces catalogues distribués dans quasiment toutes les boîtes aux lettres de France (et je suppose, de tout pays possédant un magasin Ik_a) !? En parlant de gâchis, justement...

... L'art était enfin accessible à tous

"Si l'on produit de l'artisanat de qualité à grande échelle, un design exclusif peut toucher le plus grand nombre."
J'ai avalé mon thé de travers, là. Ils sont en train de nous dire que ce super vase sûrement fait main avec savoir-faire, amour patience par un artisan consciencieux, leur permet aussi de réaliser des économies d'échelle parce que l'artisan, il en a fait plein !? Comment peut-on mettre à côté l'artisanat de qualité et les économies d'échelle ? Qui dit économie d'échelle dit usinage des pièces, travail à la chaîne et ouvriers non qualifiés. Pas d'artisan à l'horizon. Encore moins d'artiste - ah, si, pardon, le designer. Ils ne mélangent pas un peu tout, là !? Nous prendrait-on pour des imbéciles ?

... Nos différences nous réunissaient

(dans un tissu à motifs culturellement éloignés)
Nos différences nous réunissent, et c'est un peu grâce à Ik_a : on peut maintenant faire fabriquer à des gens du bout du monde tout plein de jolies choses pour nos maisons douillettes. Le distributeur fait produire ses articles par des fournisseurs sur lesquels ils peuvent faire pression à volonté (parce qu'ils achètent encore moins cher que le prix qu'ils revendent, soyez-en sûrs !) tout en fermant les yeux sur le type de main-d'oeuvre employé. Ainsi, sur tout textile, toute table, toute cuisine, il y a peut-être un peu d'un pauvre hère sous-payé pour les 100h qu'il travaille par semaine, le travail fin de doigts d'enfants, etc...

Ca m'a énervée, vous l'aurez deviné, parce que la vague sur laquelle ils surfent exploite des valeurs qui me sont chères, comme à beaucoup. Et que

la valorisation des activités manuelles (rémunérées ou pas, tout n'est pas marchand dans la vie ! si ?),

la récup,

l'originalité,

le rapprochement des peuples, l'amour des différences,

la démocratisation culturelle

et tant d'autres...

n'ont rien à voir avec une virée shopping chez Ik_a, ni avec la politique de cette entreprise, ni avec ce salon que j'ai vu chez un tas d'amis.

Grrr.

Publié dans fallait pas l'énerver

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L
C'est sur... (soupir...) !!
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L
ouais... tout à fait d'accord avec ton coup de gueule... c'est tellement navrant qu'il n'y a rien à ajouter...
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C
Et le pire c'est qu'ils sont vraiment très doués... Moi qui ne suis pas facilement influencée par ce type de manoeuvre, je ne réponds de rien si je mets un pied dans l'une de leurs antres :/