attention, billet politique
Hier soir, nous n'étions pas bien fiers.
Sur le petit écran, ces gens qui discouraient, qui s'opposaient. Le maître mot ? Le changement. Il semblerait que chaque camp s'en réclame détenteur. Moi je ne voyais que gauche et droite s'affrontant. Comme toujours.
Cette fois, il y a la droite "sortante", qui annonce haut et fort que son candidat changera la face de la France. Outre que je ne doute pas de cette promesse, pour une fois, et que les changements proposés par ce candidat-là me font frémir de peur et de honte, je me demande comment l'on peut investir le créneau du changement pour se faire, quelquepart, réélire. Parce que Sarkozy est déjà au pouvoir, ne l'oublions pas... Au Ministère de l'Intérieur depuis 5 ans. Ses petits copains disséminés dans les institutions clés du pays.
Et en face, dans sa tranchée, les candidats de gauche. Réunis par l'adversité, et un sentiment d'urgence que je partage avec eux. Ça m'a fait plaisir de voir une gauche unie. Non que je sois de gauche ou d'ailleurs, je me fiche bien des étiquettes. Simplement, j'entendais enfin un discours riche, parce que pluriel.
Et encore, on me parle de changement. Mais arrêtez avec ça ! Une grande partie d'entre vous était au pouvoir que j'étais encore en couches-culottes...
Par contre, vous savez quoi ? Ça a tendance à me rassurer aussi, finalement, cette armée d'éléphants assagis par les aléas de la vie politique. Vous avez manoeuvré, vous avez semé et récolté, vous avez échoué, de plus en plus souvent, vous avez creusé la dette nationale, vous avez dissimulé, distribué, ruiné, mais de mémoire d'homme, je ne crois pas qu'on vous ait vu insulter le peuple, organisé des rafles, tenu des propos radicaux...
Je peux me tromper (un éléphant, c'est bien connu...). J'ai pu ne pas savoir. Mais quand même, touts imparfaits que vous êtes, je vous y vois assez mal, dans le rôle de facho. Je n'en dirais pas autant d'un certain candidat.
Et je sais, je vois, que vous êtes rassemblés derrière Royal : ce n'est pas pour elle mais contre l'autre que je voterai, ce n'est pas pour elle mais avec vous que mon choix se forme.
Je suis triste aujourd'hui. On dit que certains électeurs d'extrême-droite se sont ralliés aux valeurs républicaines. J'aurais aimé qu'on laisse ces mots tranquilles. L'idéal à sa place, quitte à l'enfermer dans un musée. Annoncer honnêtement "On a essayé, et puis on a changé d'avis".
Il n'y a plus de droite, elle a glissé vers l'extrême-droite. La gauche aussi a glissé à droite. Cela transparaît clairement dans les propos de Royal.
Le problème c'est que devant ce changement-là, bien réel à mon sens, la remise en question des partis en présence ne s'est pas opérée. On prend les mêmes, on recommence. Sur un terrain inconnu et mouvant. Miné de partout.
Tout bien considéré, je pense en effet qu'on peut se targuer de changements imminents. Et cela ne me rassure pas...