première punition
A l'occasion d'une fin de journée poussive, où j'étais un peu trop dans la lune et l'Homme des bois trop fatigué pour bien voir, Mamzelle s'est nantie d'un stylo qui s'illumine de bleu quand on écrit, et a savamment décoré le canapé du salon.
J'ai pris ma grosse voix, je l'ai menée dans sa chambre pour qu'elle réfléchisse pendant que lui et moi déciderions de la punition qui serait sienne. Elle sortira penaude quelques minutes plus tard, et je lui annoncerai solennellement qu'elle sera privée de DVD pendant toute la durée des vacances.
Elle était dans le bureau à me piquer en ricanant la place à l'ordinateur quand j'ai vu l'exploit. Je me suis dit qu'elle est vraiment quelqu'un, et qu'elle a sacrément bien choisi sa journée (qui me fut belle, si belle). J'ai souri de son imagination, de ses si jolis dessins, et de tout le bazar dans l'appartement, signe de cette grande vie dans une une toute petite personne, près de nous depuis maintenant quatre ans... J'ai pris ma grosse voix, je suis allée la voir dans le bureau, elle avait son petit visage têtu de pénitente mécontente. Je l'ai menée dans la chambre avec l'injonction de réfléchir à son acte vandale. Je suis retournée dans le salon en chuchotant à l'Homme des bois, rhoo, quand même, quelle coquine, j'te jure, la provoc' quand même... Je suis retournée dans le bureau en me disant que Raffa aurait sûrement une solution. Puis j'ai flâné ailleurs et elle est venue me voir, une caresse dans la main pour m'attendrir. J'ai déguisé mon rire en sanglots indignés pour lui signifier sa condamnation. Sa bouche s'est mise à peser trois tonnes aux commissures, elle a émis une plainte d'animal blessé. D'un geste, je lui ai fait comprendre que je n'étais plus fâchée, et je lui ai expliqué que ce sera l'occasion de (re)découvrir ses jouets. Elle est partie dessiner sur une feuille.
Elle ne sait pas que nous partons dès la fin de la semaine. Elle ignore aussi tous de mes projets de jeux et de promenades avec elle... Et puis elle est ainsi faite, notre Mamzelle, que les débordements doivent être activement cernés sous peine de nous noyer tout entiers, grands et petits, tous autant qu'on est. Il nous aura fallu du temps pour le comprendre, encore un peu pour l'accepter, et un chouia plus pour apprendre à réagir comme elle l'attend, finalement...
Depuis lors, les horaires se sont rigidifiés, les champ des négociations a diminué, et de nouveaux personnages se sont composés. Moi qui ne supporte pas la routine, j'en suis devenue Grande Conservatrice. L'Homme des bois, un peu déboussolé, choisit de veiller à l'exécution des Consignes. La part du Roi, puisqu'elle comprend les entorses complices au régime de fer instauré par Nos Majestés.
Quant à mon idéal de démocratie, il se fait tout petit et remballe humblement son grand dé...
J'ai pris ma grosse voix, je l'ai menée dans sa chambre pour qu'elle réfléchisse pendant que lui et moi déciderions de la punition qui serait sienne. Elle sortira penaude quelques minutes plus tard, et je lui annoncerai solennellement qu'elle sera privée de DVD pendant toute la durée des vacances.
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Et maintenant voici la face B de l'enregistrement, la version officieuse de l'évènement, mes petits secrets à moi de Maman.Elle était dans le bureau à me piquer en ricanant la place à l'ordinateur quand j'ai vu l'exploit. Je me suis dit qu'elle est vraiment quelqu'un, et qu'elle a sacrément bien choisi sa journée (qui me fut belle, si belle). J'ai souri de son imagination, de ses si jolis dessins, et de tout le bazar dans l'appartement, signe de cette grande vie dans une une toute petite personne, près de nous depuis maintenant quatre ans... J'ai pris ma grosse voix, je suis allée la voir dans le bureau, elle avait son petit visage têtu de pénitente mécontente. Je l'ai menée dans la chambre avec l'injonction de réfléchir à son acte vandale. Je suis retournée dans le salon en chuchotant à l'Homme des bois, rhoo, quand même, quelle coquine, j'te jure, la provoc' quand même... Je suis retournée dans le bureau en me disant que Raffa aurait sûrement une solution. Puis j'ai flâné ailleurs et elle est venue me voir, une caresse dans la main pour m'attendrir. J'ai déguisé mon rire en sanglots indignés pour lui signifier sa condamnation. Sa bouche s'est mise à peser trois tonnes aux commissures, elle a émis une plainte d'animal blessé. D'un geste, je lui ai fait comprendre que je n'étais plus fâchée, et je lui ai expliqué que ce sera l'occasion de (re)découvrir ses jouets. Elle est partie dessiner sur une feuille.
Elle ne sait pas que nous partons dès la fin de la semaine. Elle ignore aussi tous de mes projets de jeux et de promenades avec elle... Et puis elle est ainsi faite, notre Mamzelle, que les débordements doivent être activement cernés sous peine de nous noyer tout entiers, grands et petits, tous autant qu'on est. Il nous aura fallu du temps pour le comprendre, encore un peu pour l'accepter, et un chouia plus pour apprendre à réagir comme elle l'attend, finalement...
Depuis lors, les horaires se sont rigidifiés, les champ des négociations a diminué, et de nouveaux personnages se sont composés. Moi qui ne supporte pas la routine, j'en suis devenue Grande Conservatrice. L'Homme des bois, un peu déboussolé, choisit de veiller à l'exécution des Consignes. La part du Roi, puisqu'elle comprend les entorses complices au régime de fer instauré par Nos Majestés.
Quant à mon idéal de démocratie, il se fait tout petit et remballe humblement son grand dé...