almodovar
Depuis quelques semaines, mes lundis soirs sont habités des films de Pedro Almodovar. J'aime ses couleurs, ses ambiances, je reconnais la vie comme il la décrit. Je m'attache à ses femmes. A la fois proches et inaccessibles, faillibles et entières, sages et déjantées. J'ai l'impression que cet homme aura passé son temps à observer et restituer chacune de nos déchirures, et chaque menue reprise qu'on aura dû opérer pour continuer de vivre. Et c'est comme si j'avais, un instant au moins, été chacune d'elles. Dans ce que j'ai pour habitude de nommer "d'autres vies" – pas si lointaines que cela en fait, à peine quelques petites années, des vies dans lesquelles moi, je n'étais pas "autre".
Ainsi, ces femmes m'habitent… il m'est d'autant plus troublant de les voir s'aimer, se consoler, se laisser découvrir et se déchirer. Le tout dans une grande scène bigarrée et mystérieusement orchestrée, un chaos qui finit par se révéler édifice là où on veut bien lui donner du sens, une souffrance qui se révèlera belle, à l'endroit où un voile se laissera soulever.
J'ai l'impression qu'il nous dit que la réalité est crue, sévère, impitoyable… Et que le sens de nos vies est beau parce que bordé de notre humanité.